BMW 2000 NK
Je voulais absolument en restaurer une… Une madeleine de Proust du début des années 70. La calandre incroyable, le tableau de bord en bois avec ses gros compteurs, le confort, le bruit du moteur, j’avais tout imprimé depuis presque 50 ans. Quand je suis tombé sur cette annonce, avec des photos avantageuses et un prix raisonnable, mon sang n’a fait qu’un tour, je loue un camion et je traverse la France pour aller la chercher…
Les photos étaient aussi flatteuse que peut paraitre celle ci quant à l’état de la voiture, mais arrivé sur place, je me suis bien rendu compte que j’allais me lancer dans un chantier de dingue, notamment en carrosserie, car quelques détails m’alertèrent sur son état réel, mais tant pis, je la ramène…
Arrivé aux Phares Jaunes, l’état des lieux commence et les inquiétudes se confirment. A part le moteur qui a été refait et tourne très bien, tout est a reprendre pour en faire une belle auto. Pas question de négliger quoi que ce soit, il faudra refaire la peinture après un gros chantier de tôlerie (la face avant est pourrie sous le pare choc), mais le reste de la caisse est bon. L’intérieur a pris l’eau et est a refaire (seule la baquette arrière est potable), tout le freinage et le système hydraulique d’embrayage est HS.
La jupe avant, est coupée, et reconstruite à partir d’une jupe prélevée sur une épave de 1800. Les logements des phares sont également reconstruits, au même titre que ceux des clignotants. Les bas de portières sont découpés également et reconstruits à partir de bas de portière de Simca 1100.
Pendant de temps là, les morceaux de pare choc sauvables sont rechromés dans le dernier atelier de chromage de la région à Saint Etienne (qui a fermé depuis)
L’ensemble de la carrosserie a ensuite été repris et préparé chez RLE lyon qui a fait un travail remarquable pour lui rendre sa magnifique teinte « Caribe Blau ».
De retour au garage, le chemin sera encore long pour que la voiture retrouve l’asphalte qu’elle affectionne tant…
Ligne d’échappement Inox, système de refroidissement entièrement neuf, sellerie refaire, et un nombre incalculables de pièces détachées introuvables et finalement remplacées à force de recherches et de persévérance.
Les efforts ont payé et la restauration tient ses promesses. C’est une voiture extraordinaire, une berline élégante, puissante, très confortable. Le 4 cylindres M10 à carburateur n’est pas la version la plus performante, mais on en a largement pour les centaines d’heures passées dessus.
Pendant la restauration, je me suis souvent dit que j’aurais mieux fait de repartir avec le camion vide il y a 4 ans. Pas si sûr en définitive lorsque l’on goute à la souplesse de sa conduite. Mais j’y réfléchirai quand même à deux fois la prochaine fois!
Dans l’achat d’un véhicule que l’on veut restaurer, il y a plusieurs règles d’or à respecter:
la patience, Une voiture de cette catégorie n’est pas si rare, et il y en a forcément des exemplaires en bon état pas très loin de chez moi. Il faut être à l’affut de la bonne occasion et prêt à « dégainer » quand elle se présente
la base saine: on ne le dit jamais assez, mais les travaux en carrosserie sont les plus longs, les plus couteux. Fuyez les voitures aux carrosseries douteuses
Le sang froid: Quand l’occasion se présente, attention au coup de foudre qui vous fait oublier les deux points précédents. C’est sans doute ce qu’il m’a manqué en ce début d’aventure, et qui aurait pu en faire abandonner plus d’un en chemin.